Épisode #7 : Compensation carbone en Indonésie

Après avoir été découvrir Sumatra et Java, notre voyage se poursuit sur l’île de Bali. Reconnu pour ses plages paradisiaques et son ambiance zen à l’odeur d’encens, nous allions pouvoir agir concrètement pour compenser notre aventure, car malheureusement un tel voyage n’a pas un impact zéro sur la planète ! C’est donc au travers du nettoyage de plages, du sauvetage de jeunes tortues et de la réinsertion de coraux dans la mer que nous allions entre autres participer à la compensation de notre périple.

Première halte à Bali : Pemuteran. Une petite ville du bord de mer qui vit de la pêche, du tourisme et où plusieurs locaux ont décidé d’agir pour la préservation de leur magnifique paysage. Une plage de sable noir (volcanique), un coucher de soleil à tomber et une diversité aquatique très vaste. Quoi de mieux pour se rendre compte des beautés dont la planète recèle. 

Compenser au travers de projets locaux

Nos comportements d’européens ultra consuméristes ne sont pas sans conséquences dans les pays plus pauvres. C’est d’ailleurs bien souvent ces populations qui subissent de plein fouet les changements climatiques : sécheresses, cultures en difficultés, pauvreté dans les pays en voie de développement. Au travers de projets de compensation on peut soutenir ces populations encore plus vulnérables à la crise climatique actuelle.

Cependant, la première étape pour agir sur notre empreinte écologique est sans conteste la prévention, c’est-à-dire appliquer les 3 R (Réduire-Réutiliser-Recycler) et remettre en question nos modes de consommation de manière drastique (il n’y a plus d’autre choix !). De plus, il faut rester conscient que compenser permet tout au mieux d’atténuer son empreinte mais n’effacera jamais les excès. Si on continue à prendre l’avion pour un oui ou pour un non, compenser ne nous donnera pas bonne conscience pour autant ! Dans notre cas, ce voyage fût un choix mûrement réfléchi et engagé comme nous l’expliquons dans cet article

Compenser nos vols et déplacements au travers d’une association était dès le départ une évidence pour nous. Lors d’un voyage, si l’on veut compenser son empreinte carbone suite aux transports utilisés, il est possible de le faire via :

Pour nos différents vols effectués, voici ce que cela représentait (pour nous 4) en tonnes de CO2 émis et en montants financiers à compenser :

Vol de > versTonnes de
CO2
Montant pour
compenser
Bruxelles (BE) – Medan (Sumatra) 8,82 106, 75 €
Padang (Sumatra) – Jakarta (Java) 1,08 11,13 €
Denpasar (Bali) – Bruxelles (BE) 10,77 130,38 €
TOTAL20,67248,26 €*

*Nous avons choisi de prendre en compte le “forçage tardif”, càd les traînées de condensation (les lignes blanches) dans notre calcul car elles génèrent des effets de serre supplémentaires.

Ce montant peut être investit dans la compensation carbone au travers de ces 2 associations et de soutenir ainsi les différents projets qu’ils coordonnent ou pour faire un don à une association environnementale qui nous touche WWF, GreenPeace, Fondation Nicolas Hulot…). Nous avons fait un mix des deux.

En complément, pour les autres transports utilisés (voitures, trains, tuc tuc), nous avons décidé de compenser au travers d’actions concrètes sur les lieux où nous sommes passés. Nous avons ainsi planté 2 arbres :

  • un avocatier à Sumatra lors de notre séjour au lac Toba
  • un second arbre planté près du Mont Muria, via l’association Via Via Travel (et le projet Trees4trees) dans le cadre de notre voyage vers les temples Borobudur et Prambanan à Java

Notre compensation carbone s’est aussi concrétisée au travers de nos choix de logements et de nos actions : au plus près des locaux, dans des projets engagés, en offrant notre main d’oeuvre et notre expertise.

I am a no trash hero

Lors de nombreuses balades sur la plage, nous profitions de ramasser les déchets flottants ou sur la plage. A chaque fois, nous étions effarés de la quantité de déchets que l’on y trouvait, en grande partie du plastique. Un spectacle désolant qui met en évidence l’importance de sensibiliser les populations locales à la problématique du plastique. En plus de mettre en place un système public de gestion des déchets efficace, il est essentiel qu’ils comprennent que ceux-ci ne se brûlent pas, ne se jettent pas en pleine nature et qu’ils peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la faune et la flore aquatique.

Depuis quelques années l’association TrashHero a vu le jour en Indonésie. Leur credo : keep our world clean for future generations (« garder notre planète propre pour les générations futures »). Au travers de nettoyages de plages, l’association agit sur plusieurs axes : la conscientisation, l’éducation, l’action. Grâce à l’aide de bénévoles, ils organisent chaque semaine un nettoyage de plage avec les enfants des écoles avoisinantes et les locaux.

Nous avons eu la chance d’accompagner une sortie “No Trash Hero” lorsque nous étions à Pemuteran. Grâce à cette action concrète, les enfants se rendent comptent eux-mêmes de l’ampleur des dégâts liés aux déchets et de la quantité récoltée en un petit laps de temps.

De plus, les élèves ont également pu relâcher un bébé tortue dans le cadre du projet Reef Seen. De quoi encore plus les conscientiser et les inviter à protéger leur environnement local.

Oreo et Jack ont pris le large

Les animaux sont victimes de la pollution humaine, sur terre mais aussi dans les mers. Baleines, dauphins, poissons … Les tortures ne sont pas épargnées non plus, mettant en péril le nombre de spécimens encore sur terre et risquant leur extinction. Reef Seen, centre de plongée à Pemuteran, a lancé une “arche à tortues” dans le but de soutenir leur préservation. 

Malgré l’interdiction de commercialiser des produits à base de tortues de mer depuis 1979, la population de tortues de mer est en déclin. Rien qu’à Bali, plus de 30.000 tortues de mer sont abattues chaque année à des fins de cérémonies ou pour leur viande. Les œufs quant à eux sont considérés comme un mets savoureux et sont donc recherchés par les populations locales. La destruction de leur habitat est aussi une cause de ce déclin. Mais une cause qui devient de plus en plus importante est la mort par ingestion de plastique : la tortue pense voir une méduse lorsqu’elle voit un sac plastique flotter dans l’eau. 

Dans la nature, les tortues de mer âgées de 15 à 30 ans pondent en moyenne 150 œufs, seulement tous les deux ans. Malheureusement, seulement 1 sur 100 ou sur 1000 atteindra l’âge de se reproduire. 

Le projet de Reef Seen est de protéger les tortues de mer vivantes et d’accroître les chances des jeunes tortues d’atteindre la maturité. Les habitants qui trouvent un nid de tortues ou qui collectent les œufs sont récompensés lorsqu’ils les rapportent à Reef Seen. Les œufs sont alors protégés et peuvent ainsi éclore en toute sécurité. Les bébés tortues sont gardés pendant 1 mois dans un bassin de rétention où ils sont nourris et soignés. Les tortues auront ainsi plus de chance de survivre en pleine mer lorsqu’elles seront relâchées.

Pour financer le projet, il est possible de parrainer une jeune tortue et de la relâcher en mer tôt le matin.

Naïs et Una ont ainsi pu parrainer 2 tortues qu’elles ont respectivement nommé Jack et Oreo (voulait-elle faire un pied de nez à notre consommation anti-produits industriels ?). Par ce projet, on augment de 50% les chances que ces tortues atteignent l’âge de maturité. On croise les doigts !

Pouponnière de bébés coraux

Un autre beau projet qui a vu le jour à Pemuteran est “Biorock“. L’objectif est de réimplanter des massifs coralliens sur des structures métalliques soumises à un faible champs électrique, ce qui multiplie la croissance du massif corallien par six. Selon les employés du centre, les coraux sélectionnés sont plus résistants aux variations de températures et sont donc susceptibles de mieux résister aux changements climatiques. De manière naturelle, un corail se développe d’un centimètre par an. Avec le processus créé par Biorock, en une année, le corail grandit de 12 centimètres. 

Il y a 6 ans, une vague importante de chaleur (l’eau était montée à 30 degrés) a détruit une grande partie des coraux de la région. Biorock tente de reconstruire cette barrière de corail.

Le centre dépend de dons pour pouvoir fonctionner. Ils ont donc mis en place un programme de parrainage. Il est ainsi possible d’avoir son nom en fil de fer avec un bébé corail dessus et placé dans le massif corallien. Une première photo est envoyée lors de l’installation et une seconde après un an. Aujourd’hui, les noms de Naïs et Una trônent dans la mer de Pemuteran. 

Pour être un voyageur engagé

Lors d’un voyage, il n’est pas si compliqué de trouver des projets à soutenir ou des expériences engagées et durables à vivre :

  • Les guides Tao sont de bonnes sources d’informations.
  • Une recherche (idéalement avec le moteur de recherche Ecosia qui plante des arbres) sur la région que l’on va visiter permet d’identifier les lieux d’intérêt avec une philosophie durable.
  • De plus en plus de logements sont aussi soucieux de leur impact écologique. Cherchez les labels Clé verte, Gîtes à la ferme, …
  • Vivez une expérience de woofing (logement et vie à la ferme)
  • Privilégiez les logements chez l’habitant (guesthouses, homestay, bed & breakfast) pour être au cœur de la vie du pays
  • Pas besoin de voyager loin pour vivre des aventures inoubliables : il y a plus de trésors cachés à côté de chez soi que l’on ne le pense !
  • Privilégiez les modes de transport doux : train, vélo, à pied …

3 réponses

  1. Superbes projets ! Une question toutefois concernant le couvoir pour tortues : le sexe des tortues étant déterminé par la température à laquelle l’oeuf est incubé, ont-ils des procédés spécifiques pour gérer ça ou alors récupèrent-ils les œufs lors de phases où la température a déjà joué son rôle ?

  2. Bonjour ! Merci pour ce témoignage.

    J’ai un petit soucis éthique vis-à-vis de la compensation carbone et j’aimerais l’expliquer ici :
    La compensation est calculée sur base de la “durée de vie” d’un arbre. En pratique, ils considère que l’arbre restera planté 30 ans.
    Mais du coup, ca veut dire que le voyage effectué ne sera compensé en réalité que dans 30 ans. L’impact du CO2 émit pendant ces 30 ans puis compensé ne sera donc pas nul…
    Idéalement, il faudrait “attendre” 30 ans avant d’effectuer les voyages qu’on a compensé… Ou alors planter 30 fois plus d’arbres !! L’impact de notre voyage serait alors compensé en un an. On pourrait alors partir en avion tous les ans sans rajouter de CO2 dan l’atmosphère !
    Dans ce cas, on se retrouverait avec un coût assez énorme pour l’avion mais bien plus réaliste vis-à-vis de notre impact sur notre planète.

    Voilà j’indique ça sans jugement aucun. Je vais partir au Japon en avril et j’ai déjà compensé mon trajet (comme vous) mais j’hésite à compenser encore plus pour avoir vraiment un impact nul….

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