Épisode #3 – Au cœur des manguiers sur le lac Toba

Cette rencontre, nous l’attendions depuis quelques mois. En fait, depuis le moment où nous voulions apporter du sens à notre voyage. Au lac Toba, nous allions y faire la connaissance de la culture Batak et plus particulièrement de Ratna, dans sa ferme écologique (Silimalombu) qui produit essentiellement des mangues, et bien d’autres choses. Notre itinéraire allait donc s’arrêter 5 jours autour de ce lac immense et volcanique afin de participer à la vie de la ferme et apprendre les richesses de ce lieu.

Silimalombu au cœur du lac Toba

La ferme de Ratna est nichée au milieu de l’île de samosir qui jit au milieu du lac Toba (Danau Toba), d’un bleu intense et entouré de montagnes, trésor de Sumatra. D’une superficie de 1,7 km2, ce lac si particulier est en réalité une caldeira, qui a presque la taille de Singapour.

Quand on arrive à Silimalombu, on est très vite touché par la beauté de ce lieu. Des arbres fruitiers un peu partout : une liane de fruits de la passion pour faire de l’ombre à la terrasse qui donne une vue magnifique sur le lac, un jardin botanique où l’on peut découvrir des papayers, des cocotiers, des canneliers, des manguiers, des cacaoyers, des bananiers…

Des poules, des coqs, des chats, des chiens se promènent librement tandis que les canards et les cochons ont leur pré carré. Trois buffles d’eau font également partie de la ménagerie. Leur berger, Adi, accompagné de son fidèle chien, nommé « blanc », les montent dans la montagne pendant la journée ainsi que la nuit après les avoir baigné dans le lac. Un peu plus haut dans la propriété, dans la forêt tropicale, un beau potager avec des aubergines, du sorgo, des tomates, des oignons, du manioc (ou tapioca), des patates douces, des guava… la terre est tellement fertile que tout peut y pousser.

La ferme Silimalombu, avec la toiture typique des maisons Batak
La terrasse de la ferme avec l’arbre à fruits de la passion

La culture de mangues

Sur la propriété de Ratna, on y trouve des manguiers âgés de plus de 500 ans, héritage familial. Ratna fait partie de ces femmes au caractère indépendant, déterminé qui vit en total lien avec la nature qui l’entoure. Tout retourne à la terre. Une ferme zéro déchet par excellence !

Il y a 7 ans, elle a épousé Thomas, un allemand qui était tombé amoureux de l’Indonésie et de Ratna dès le premier regard. Aujourd’hui, la ferme vit des différentes récoltes de mangues (il y a en 3 par an) et a développé des produits atour de ce fruit succulent : vin de mangue, vinaigre et confiture de mangue. Comme le lieu est plein de richesses, on y trouve aussi de la cannelle, des clous de girofle,du graviola et du lemongrass pour du thé ou des épices. Ils cultivent aussi du cacao ainsi que du café.

Dès le premier jour, nous avons participé à la collecte des mangues : levée à 6h30, muni de nos paniers et seaux, nous récupérions les mangues tombées au sol. Quasi toutes seront utilisées. Celles cabossées ou blessées feront aussi bien l’affaire pour la production du vin de mangues.

Après un bon petit-déjeuner maison, confectionné par la radieuse Mama Nina et la douce Julinda, il est temps de nettoyer les mangues à la main et à l’eau du lac. Les mangues seront ainsi prêtes pour passer à la presse manuelle, réalisée à partir de récup : un tambour de machine à laver et une bâche publicitaire. Ici, rien ne se perd, tout se transforme !

Le jus récolté de la presse sera alors entreposé pendant 3 mois dans une cuve afin de permettre la macération nécessaire à la production du vin.

Julinda portant une partie de la collecte du matin
Les mangues récoltées le matin pour la confection du vin
Lavage des mangues
Pressage des mangues (avec des bottes qui ne servent qu’à cela, je vous rassure ;p)

En pleine saison des mangues, il y a également la réalisation de la confiture de mangue. Tout le monde s’attelle à cette préparation : Ratna touille dans le grand chaudron, Yanis (étudiant indonésien venu pour les 2 mois de vacances) et Julinda nettoyent les bouteilles de bières et pots récupérés auprès des voisins. Une vrai petite usine aménagée en plein milieu de la cuisine ouverte. Nous nous plaisons à prendre part à ces différentes activités qui nous éloignent de notre stress de la ville. Quand on fait, on ne pense pas.

De la fève de cacao au chocolat

En plus de découvrir toutes ses beautés, nous avons appris le processus de production d’autres produits lors de notre séjour à la ferme. Nous avons par exemple appris que la cannelle provient en réalité de l’écorce de l’arbre qui en séchant va se rouler sur elle-même et donner ses beaux et odorants bâtons de cannelle. De même que la « candle nut » permet de faire de l’huile plus connue sous le nom « cire de candelilla » (cire qui remplace la cire d’abeille pour les vegans) et très utile pour faire repousser les cheveux (à ce qu’il parait …) mais aussi pour la préparation de crèmes et de lotions hydratantes.

Enfin, nous avons pu voir comment, depuis la récolte de la cabosse de cacao, il était possible de produire du chocolat :

  • Ecabossage : On retire les fèves de la cabosse et les sépare de la pulpe. Elles sont recouvertes d’une couche blanche et gluante.
  • Fermentation : On les fait fermenter pendant une semaine. Cela permet de stopper le processus de germination de la fêve et ainsi d’améliorer la conservation des fruits.
  • Séchage : On les fait sécher au soleil pendant quelques jours.
  • Torréfaction : On les grille (on les « roast ») jusqu’à entendre le « clac » significatif qui confirme qu’elles sont prêtes, ceci afin de développer l’arôme du chocolat.
  • Décorticage : On enlève, à la main, la coque de chaque fève et on obtient une sorte d’haricot noir très amer, il s’agit du germe. C’est cette dernière qui sera utilisée pour réaliser le chocolat.
Cabosses à cacao
Les fèves de cacao et la pulpe qui se trouvent dans la cabosse
La torréfaction des fèves
Le décorticage des fèves peut commencer

Un peu de nous là-bas grâce au programme « plant a tree »

Avant notre départ, il nous tenait à cœur de soutenir la ferme et de pouvoir laisser une trace de notre passage. La ferme a mis en place un programme pour planter un arbre. Une belle manière de compenser légèrement notre empreinte carbone suite à l’utilisation de l’avion, sachant qu’un arbre stocke environ 35 kg de CO2 par an. Notre choix se portera sur un avocatier, assez peu présent sur la propriété de Ratna. Elle nous donnera régulièrement des nouvelles de notre petit arbre pendant les cinq premières années de sa vie.

Si vous êtes intéressés de soutenir vous aussi la ferme, vous pouvez à votre tour planter un arbre à la ferme Silimalombu au prix de 50 dollars (45 euros).

Ratna présentant l’avocatier parrainé par la famille Zéro Carabistouille.

Vivre en total harmonie avec la nature

Lors de notre séjour chez Ratna, nous avons d’autant plus pris conscience de la nécessité de prendre soin de notre belle planète sous tous ses aspects. Si on vit en cohésion avec elle, si on la respecte et si on lui offre tout l’amour dont elle a besoin, alors elle nous le rend en centuple. À la ferme Silimalombu, tout est une richesse, tout est en harmonie totale avec la nature.

Faire du woofing

Notre expérience au sein de la ferme nous a permis d’aller à la rencontre de personnes magnifiques. C’est en faisant que l’on comprend mieux comment les choses sont produites. Trop de personnes ne savent pas d’où vient tel ou tel fruit, et que faire avec. D’ailleurs, nous-mêmes n’avions jamais pu vivre de À à Z la production du chocolat. Et pourtant il n’y a que comme cela que l’on se rend compte du temps nécessaire, du savoir-faire à acquérir et à partager. Le woofing, qui permet de travailler dans des fermes à travers le monde est une belle manière de mettre la main à la pâte pendant une partie de ses vacances. En échange de main d’œuvre et d’un temps minimum par jour ou par semaine, le logement et le couvert sont souvent offert. On y rencontre aussi d’autres voyageurs tout aussi engagés. Une expérience que nous ne regrettons pas et que nous renouvellerons plus que certainement mais plus près de chez nous ;).

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