Ressources de la Terre : quand l’homme vit à crédit sur la planète

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A l'heure où les scientifiques nous rappellent encore et encore qu'il est plus que temps d'agir, que nos maisons brulent, que les inondations dévastent nos villes, aujourd'hui marque ce moment de l'année où nous avons consommé toutes les ressources annuelles de la Terre ... A partir d'aujourd'hui, 29 juillet 2021, nous vivons à crédit sur la planète !

Un jour du “dépassement”

Saviez-vous qu’il existe un jour du dépassement, c’est-à-dire le moment de l’année où ont été consommées toutes les ressources que la Terre peut renouveler en un an. Le Global Footprint Network a analysé l’empreinte des différents pays du monde. En voici les constats alarmants :

En 2021, il faudrait l’équivalent de 1,7 planète Terre pour que la population mondiale puisse subvenir à ses besoins.

Cela veut donc dire qu’à cette date on commence à consommer à crédit toutes les ressources que l’on va consommer le reste de l’année ! Et le constat est clair : les pays industrialisés sont ceux avec l’empreinte écologique qui arrive le plus tôt dans l’année …

La Belgique occupe la 9e place du top 10 des pays ayant le jour de dépassement le plus tôt dans l’année … Ainsi, en tant que belge, on consomme 4 planètes Terre par an !

  • Belgique = 30 mars
  • France = 7 mai
  • Indonésie = 18 décembre

Un léger recul en 2020 suite au confinement

Une particularité s’est marquée pour l’année 2020 : alors qu’en 2019, le jour du dépassement mondial était le 26 juillet, on a pu remarquer un léger recul pour 2020 qui reflète la baisse initiale de l’utilisation des ressources au cours de la première moitié de l’année en raison des mesures de confinement liées à la pandémie.

Ceci montre donc que si l’on diminue notre activité sur Terre (consommation, production), on agit directement sur la préservation des ressources. Cependant, on voit bien qu’il faudra un effet encore plus important si l’on veut drastiquement déplacer cette date au plus proche de la fin d’année.

La Terre est un système aux ressources limitées, ceci risque donc de nous faire payer cher dans les prochaines années si on continue à consommer autant nos ressources disponibles, à scier la seule branche sur laquelle on est assis car il n’y a pas de planète B !

Et malheureusement, les effets commencent à se faire sentir de plus en plus vite. Rien qu’en une demi année, 2021 a subit de violentes catastrophes naturelles et les chiffres sont partout à la hausse !

La surexploitation de la Terre par les humains

Un groupement de plus de 14.000 scientifiques estiment que les gouvernements ont de manière systématique échoué à s’attaquer aux causes du changement climatique: “la surexploitation de la Terre”. Ils soulignent la “hausse sans précédent” des catastrophes climatiques, des inondations aux canicules, en passant par les cyclones et les incendies. Sur les 31 “signes vitaux” de la planète, qui incluent les émissions de gaz à effet de serre, l’épaisseur des glaciers ou la déforestation, 18 atteignent des records, selon l’étude de ces scientifiques.

Malgré la chute des émissions de gaz à effet de serre en raison de la pandémie de Covid-19 :

  • Les concentrations de CO2 et de méthane dans l’atmosphère ont atteint des niveaux record en 2021
  • Les glaciers fondent 31% plus vite qu’il y a 15 ans
  • La déforestation en Amazonie brésilienne a atteint un record en 2020, transformant ce puits de carbone crucial en émetteur net de CO2.
  • Avec un record de plus de 4 milliards de têtes de bétails (notamment vaches et moutons), la masse du bétail dépasse désormais celle des humains et des animaux sauvages combinés
  • Les récifs coralliens sont menacés par le réchauffement, et pourtant un demi-milliard de personnes en dépendent

Les scientifiques estiment qu’il existe de plus en plus de preuves que nous approchons, voire avons déjà dépassé, certains des points de bascule qui pourraient entraîner le système climatique vers un changement dramatique et irrémédiable… un point de non retour !

Que devrions-nous faire alors ?

Selon le WWF, il faudrait réduire de moitié l’empreinte écologique de notre consommation et de production à l’échelle mondiale, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. On pourrait espérer alors un recul du jour de dépassement planétaire de 93 jours. Ce qui n’est en soit pas encore suffisant pour en arriver à une planète par an !

En réalité la solution serait, que tous, entreprises, gouvernements, Etats, et nous, citoyens, réfléchissions ensemble pour des solutions structurelles et cohérentes. Que nous remettions en cause une grande partie de nos acquis d’humains ultra consuméristes pour une vie plus tournée sur l’être (que l’avoir) et que l’économie circulaire soit au coeur de nos actes ! Et tout cela, sans plus tarder évidemment !

Nous devons arrêter de traiter l’urgence climatique comme un problème indépendant, le réchauffement n’est pas le seul problème de notre système Terre sous pression. Les politiques pour combattre la crise climatique ou tout autre symptôme devraient s’attaquer à la source: la surexploitation de la planète par les humains“.

William Ripple, de l’Université d’Etat de l’Oregon